Hier et avant
29 novembre 2007
En me promenant sur Amazon, je suis tombée sur un logiciel pour apprendre les
rudiments de 101 langues. Pourquoi 101 et pas 100 ? Les commerciaux aiment bien
les nombres familiers, 3, 7, 12, 33, 77. 101 en France ce n'est rien du tout,
mais ici, c'est le code pour les cours débutants ;
faire "Psych 101" c'est faire le cours d'introduction à la psychologie. C'est
dans le langage commun ; pour se moquer de quelqu'un on lui conseille de
reprendre le cours de Social Bonding 101, ou n'importe quel autre sujet. Voilà
pour 101.
Tant que je suis dans les nombres.
Avec ce goût un peu bête mais si humain pour la surenchère, la boîte concurrente
a sorti un logiciel où est proposé l'apprentissage de 102 langues.
Cétypabo, ça...
Enfin les reviews sur Amazon détruisaient le logiciel des 102 langues, mais
disaient beaucoup de bien de celui aux 101 langues, pour au moins entendre
un peu de tout. Sur Amazon il était à 50$, mais en faisant un peu de Google
je l'ai trouvé sur Christianbooks.com pour moins de 10$. Je me méfiais un
peu, ça avait l'air trop beau ; est-ce que ce n'est pas le tarif réduit
seulement si on s'engage à aller à la messe tous les dimanches et distribuer
des tracts pour eux ?!! Est-ce que je vends mon âme pour 40$ ? Il
y a tellement de sectes bizarres ici. 40$ ça fait pas
cher l'âme. Mais non, le site avait l'air d'un site de vente en ligne
tout à fait correct. C'est juste que ce sont des chrétiens donc
dans leurs suggestions de cadeaux de Noël il y a des crèches et des Bibles
au lieu de lecteurs DVD et abonnements à People. Plutôt sympathique.
J'ai acheté. Et je viens de recevoir aujourd'hui.
Ben vous savez quoi, c'est trop bien. En plus ils donnent un traitement de texte
pour écrire dans toutes les langues, chinois russe tout ça.
Il n'y a que quelques phrases de base, mais on peut vraiment apprendre
à dire des tas de trucs dans plein, plein plein de langues.
Je vais bien m'éclater :-))
A part ça, quelques mots sur l'opéra. Je suis allée voir Norma la
semaine dernière, c'était très beau. C'était la première fois que j'avais
mon siège d'abonnement ; ce qui veut dire que pour les 5 ou 6 prochaines
fois où je vais à l'opéra, j'aurais sans doute les mêmes voisins. Ben c'est
pas triste. Ma voisine, vers la fin de l'opéra qui est particulièrement
chargée émotionnellement (comme plein de fins d'opéra), s'est mise
à pleurer discrètement, une petite larme qui brille au coin de l'oeil,
puis glisse doucement le long de sa joue. Elle enlève ses lunettes
et s'essuie les yeux pudiquement. Puis une autre larme, une autre encore,
et maintenant elle se met à renifler un petit peu. Puis un peu plus.
Et bientôt ce petit reniflement se sent à l'étroit dans son nez, alors
il annexe le voile du palais et le fond de la gorge, et à chaque respiration,
ma pleureuse émet tout un paquet de ronflements sonores, dans un
ruissellement continu de larmes. Chère voisine, enchantée.
Puis j'ai beaucoup aimé Renée Fleming dans la Traviata, alors
je me suis dit que j'allais profiter de ma venue à l'opéra pour prendre des
billets pour Otello. J'ai regardé à l'avance les dates pour lesquelles
tout n'était pas vendu, trouvé une date qui me convenait pour février.
J'ai quand même vérifié si je n'avais rien de prévu sur mon agenda ;
ah si, tiens. "Otello, 8pm". ?!! J'avais déjà pris un billet pour Otello
en août, en-dehors de mon abonnement. Ca m'était
complètement sorti de la tête. Comme quoi, quand je commence
à faire une fixation sur quelque chose, je n'y vais pas avec le dos
de la cuiller. C'est mon côté boulimique fébrile, j'en veux un,
puis deux, puis il me les faut tous.
21 novembre 2007
Beaucoup d'opéra ces jours-ci. C'est merveilleux d'avoir un abonnement au Met,
j'ai pu aller voir Renee Fleming chanter la Traviata en plein centre du
deuxième rang du balcon, la semaine dernière... C'était très beau, et encore
mieux que quand j'étais allée le voir à la Scala, à Milan.
L'air de la fin, Addio, del passato, bei sogni ridenti, Le rose del viso già
sono pallenti, etc, c'était tellement émouvant que j'en avais les lèvres qui
tremblaient. Puis ensuite Violetta retombe sur son lit, et sous le tonnerre
d'applaudissements, toute la scène (avec elle toujours étendue) est hissée
au-dessus et le rez-de-chaussée de sa maison apparaît progressivement.
J'explique très mal mais c'était assez impresionnant.
Et ce vendredi, Norma. Je connais moins bien que Madama Butterfly et la
Traviata, mais assez bien quand même ; j'espère que ce sera beau.
Rien à voir mais j'ai lu un article dans le dernier Nature sur la longévité du cenorhabditis elegans. Il vit 33% plus longtemps si on le gave d'antagonistes de récepteurs de la sérotonine ; et les chercheurs pensent que c'est parce que ça reproduit le signal qu'il est affamé (alors qu'il mange exactement pareil). C'est connu que dans des tas d'espèces, la privation de nourriture allonge la vie ; mais de là à ce que soit simplement l'impression d'être affamé...
Un dernier truc. J'ai décidé d'enfin me remettre à mes langues, un peu. Donc
j'ai commandé un immense chargement de méthodes de langue et de dictionnaires
pour un peu tout ce dont j'ai besoin. Je suis en train de finir Die Leiden Des
Jungen Werthers, et ça commençait à me peser de ne pas pouvoir chercher les
mots que je ne connaissais pas, si je n'avais pas internet sous la main. J'ai
bien envie de commencer par le chinois, tant que ce que j'avais fait en Chine
n'a pas complètement fichu le camp. J'ai déjà oublié les trois quarts des
caractères que j'avais si patiemment appris.
27 octobre 2007
Ca m'apprendra. Moi qui arrêtais pas de t'embêter l'an dernier en disant que
tu étais Sanpaku, aujourd'hui, Ohashi regarde mes yeux et dit, "your eyes are
a bit high. You're Yin Sanpaku; do you eat too much sugar, refined food?".
Non, pas que je sache. "Alcohol?" Moi?! La bonne blague. "Maybe you meditate
too much, then." Ah bon. Ca fait des mois que je ne médite plus. Sauf si on
compte comme une méditation le fait de contempler mon écran d'ordinateur en
me demandant si je vais me mettre à mes homeworks ou pas...
Enfin, te voilà vengé ;-)
26 octobre 2007
Voilà, j'ai fini par déménager. Je ne sais pas combien de temps l'ENST va me
garder ma page ouverte alors j'ai tout mis à NYU. Avec un peu de chance je
vais updater ma page un peu plus souvent que tous les ans et demi,
maintenant...
9 avril 2006
J'ai lu aujourd'hui dans un bouquin de cas neurologiques l'histoire d'une femme
qui a découvert qu'elle pouvait se servir
de ses mains à 60 ans -- elle avait tellement de troubles neurologiques que
tout le monde pensait que
l'impossibilité physique d'utiliser ses mains aurait très bien
pu être un trouble parmi les autres ; jusqu'au jour où un de ses médecins
s'est dit que simplement, elle n'avais jamais eu l'occasion de s'en servir
parce qu'elle était intégralement prise en charge par son entourage, et
que sans doute ses mains étaient tout à fait physiquement fonctionnelles.
Alors il a fait demander à ses infirmières de la faire attendre plus longtemps pour la servir, l'air
de rien, pour susciter en elle le besoin de se servir toute seule - vous savez, le serveur
qui met deux heures à arriver - ; et un beau jour elle
en avait marre d'attendre qu'on la serve, elle avait faim, elle a
étendu la main et attrapé un bagel sur son plateau, et elle l'a mangé.
Si à 60 ans on peut apprendre à se servir de ses mains, c'est qu'on est sauvés !
C'est que sans doute il n'est jamais trop tard pour les illuminations, les révélations soudaines
qu'à tel endroit du corps se trouve tel muscle qui fluidifie le mouvement,
qui donne à tel geste gauche la grâce qui lui manquait si cruellement ; c'est
qu'il n'y a pas d'âge pour découvrir les ressources endormies de son corps et de son
cerveau !
Le tout, bien sûr, c'est de convaincre le corps qu'il en a vitalement besoin.
Pas forcément évident, certes ; mais au moins, c'est possible... There is a way...
3 avril 2006
Rater une rencontre, juste parce que les choses ne se sont pas passées dans le bon ordre,
juste parce qu'on est arrivée la deuxième,
c'est frustrant, triste même. Mais bon, on ne s'émerveillerait pas autant des rencontres si
les non-rencontres étaient moins fréquentes...
28 février 2006
What if I'm all wrong ?
4 janvier 2006
Il m'est arrivé un truc incroyable, au milieu de la nuit, avant-hier. Je faisais un peu de piano, à 4h
c'est bien on a le silence et la nuit pour soi tout seul. Je travaillais mes accords phrygiens, un
peu distraitement. Mi fa la si ré. Et c'est là que c'est arrivé ; depuis quelques minutes
je sentais obscurément que cet accord-là me disait quelque chose, était familier. Je l'ai joué,
rejoué, et soudain une évidence est venue déchirer d'un seul coup mes incertitudes vagues : c'était
la sonate de Prokofiev que j'avais jouée pour mon Prix, il y a quatre ans, l'accord qui reste suspendu
après les deux pages vertigineuses sur lesquelles je me suis tant cassé le nez, avant la reprise
insolite et chromatique du thème plus calme qui apparaissait au début.
Je me suis précipitée sur la partition pour voir ; ça faisait si longtemps que je ne l'avais pas
ouverte, j'étais émue. Forcément, elle a concentré tant d'espoirs et de doutes pour moi...
Enfin. Je cherche, fébrilement, je trouve l'accord, et oui, c'était bien mi fa la si ré ; le
même accord, même pas transposé.
Ca a l'air bête, hein. Sauf que c'est tellement, pour moi. C'est ce genre d'illuminations
fulgurantes et inattendues
qui m'aident à continuer à travailler avec acharnement, et à garder espoir
que j'aie beau ne pas avoir l'oreille absolue, il y ait bien quelque chose, un germe qui
peut-être donnera quelque chose demain, ou après-demain.
Bon, à part ça quoi ? Je suis toujours hantée par mon démon familier, la peur que
ma plasticité cérébrale ne soit qu'un vieux souvenir. On va encore me dire que je suis jeune.
Mais pour le cerveau, à 3 ans on est jeune, à 5 ans on est mûr, à 7 on est vieux, à 15 on est croulant.
Jusqu'à maintenant, tous mes petits effarements de ne jamais réussir à faire le quart
de la moitié de ce que je voulais faire se sont toujours inscrits sur un fond de sérénité
profonde ; j'avais l'impression de tout faire de travers, mais miraculeusement et silencieusement,
les bouts épars de trucs que j'apprenais s'ordonnaient tous seuls en une connaissance cohérente
qui émergeait d'elle-même des semaines après mes efforts inutiles. J'en ai fait l'expérience
tellement de fois que quand j'ai l'impression de me heurter à un mur, au fond je reste impassible et
confiante en les capacités obscures de réorganisation inconsciente de mon brave cerveau.
Mais jusqu'à quand ? Depuis quelques jours je me passe "Talons Aiguilles" d'Almodovar en boucle
pour apprendre l'espagnol ; j'ai l'impression de ne pas progresser tellement d'une fois sur l'autre,
mais je me calme en me reposant sur la certitude souriante que le miracle familier va encore se produire.
Mais si j'étais trop vieille ? Si c'était trop tard ? Est-ce qu'il y a un moment où le cerveau
décide qu'il en a assez de se réorganiser toutes les nuits, que ça commence à bien faire ?
Au moins on n'est pas aussi mal qu'il y a quelques années, du temps où le dogme c'était : aucune
plasticité passé la période critique, ce que vous savez pas à la puberté c'est foutu, vous le
saurez forcément mal. Maintenant, on sait que certaines personnes sont capables très longtemps
d'apprendre à parler de nouvelles langues sans accent, avant on disait que c'était impossible.
Il y a du mieux. Apparemment, plus le temps passe, plus la variabilité augmente. Si on reste dans
les langues, avant trois ans,
à peu près n'importe quel bébé est capable d'apprendre n'importe quelle langue ; à quinze ans, moins,
et à trente-cinq, on va de ceux qui sont complètement incapables de se rentrer une nouvelle langue
au-delà de quelques mots, et en gardant un accent à couper au couteau, à ceux pour qui il est encore
possible de l'apprendre très honorablement.
J'aimerais tellement savoir la part de la volonté là-dedans. Si on veut farouchement, si on
s'acharne encore et encore, est-ce qu'on peut forcer la plasticité ?
30 décembre 2005
Le Parfum, avant pour moi c'était surtout des oeuvres marquantes, Le Parfum de Süskind. Ou Le Parfum de la Dame en Noir
dont j'aimais surtout le titre, d'ailleurs.
Puis on vit, et on comprend pourquoi le parfum exerce une fascination si forte. La personne part,
le parfum reste. La vue, la voix, non, à part dans le souvenir (c'est déjà beaucoup). Mais le parfum
reste collé à la peau, s'accroche aux murs, imprègne les vêtements et les cheveux. Et l'identification
entre un parfum et son porteur est si forte qu'on a l'illusion troublante d'une présence
qui s'attarde encore...
On s'étourdit en enfouissant le visage dans des draps chargés d'un parfum qu'on aime parce que c'est celui
de l'autre, on trompe le manque en l'aspirant à grands traits. Mais ça c'est le côté plutôt sympa de la
chose ; après c'est tout de suite moins amusant quand l'autre porte un parfum qu'on a en horreur, soit
qu'y soient associés de mauvaises expériences, soit que tout simplement, beurk, voilà, j'aime pas
un point c'est tout, collant, sucré au point d'en être poisseux, mièvre.
Et c'est aussi là qu'on comprend à quel point le pouvoir du parfum peut être
puissant, et envahissant ; le parfum indésirable se glisse entre soi et l'autre, dans tous les recoins,
c'est impossible de lui échapper. On veut en faire abstraction mais la force du parfum c'est justement
qu'il n'y a pas moyen de le faire taire, il vient distraire la tendresse qu'on a pour
l'autre avec l'obstination discrète et insupportable d'une poussière dans l'oeil. Puis après le départ,
il ne reste plus que ce maudit parfum qui traîne comme un mauvais génie ; on s'en défend comme on peut,
mais on s'irrite contre cette trace insolente et tenace comme du chiendent même si on se frotte comme
un furieux, en s'effrayant de ce que
cette aversion ne s'étende insidieusement à l'autre, malgré soi. On maîtrise si peu de choses...
Heureusement que c'est rare. Pour moi, le plus souvent c'est la fascination enivrante que je ressens ;
un jour un peu de parfum qui s'est niché au creux de mon épaule sans que j'y prenne garde
lors d'une innocente étreinte d'au-revoir dans une boîte enfumée, et que je découvre avec une surprise reconnaissante et émue une fois
que je suis rentrée chez moi. Un autre, le souvenir incroyablement intense et pourtant impalpable d'un visiteur que je respire délicieusement dans
l'air complice de ma chambre...
28 décembre 2005
Il fait tellement froid que c'est encore plus délicieux que d'ordinaire de s'enfouir sous la couette,
sous les molles avalanches des coussins, comme disait Charles (ce soir la lune rêve avec plus de paresse ;
ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins, qui d'une main discrète et légère caresse avant de s'endormir
le contour de ses seins, sur le dos satiné des molles avalanches).
Paris sous la neige, même quand il y en a peu, ça me fera toujours
ouvrir des yeux tout grands d'émerveillement. J'aime l'hiver, je n'aime plus les fêtes mais sans les avoir en horreur, pas de quoi
cesser de sourire donc. Juste le léger regret de voir en même temps ma discrète aversion pour l'ennui
sans magie de mes Noëls maintenant, et le souvenir de l'impatience joyeuse et enthousiaste de mes Noëls
de petite fille. Et le Nouvel An, j'avais commencé à l'aimer il y a quelques années quand je l'ai
passé avec des amis pour les premières fois, mais ça y est ça commence à me barber aussi...
Et pourtant. Comment parler de désenchantement, quand le Père Noël continue à s'occuper
de moi encore, adorablement, inexplicablement. Trois ans déjà que sa bienveillance incompréhensible
me laisse pensivement heureuse.
Merci encore, cher ange inattendu...
Présentation (novembre 2005)
Voilà, c'est ma deuxième page, elle est encore toute fouillis, et je n'ai pas grand chose à dire.
Il manque la page la plus importante, celle des archives, celle où je comptais mettre ces textes
que j'écrivais comme ça un peu chaque jour sur mon ancienne page, mais... Ils ont tous disparu,
Noos a fait le ménage apparemment.
Que dire ? Une nouvelle page web, une nouvelle chambre à aménager. Jaurais aimé en faire une alcôve,
un peu à limage de mon nid de 4m²,
mais il faut bien un peu de tenue, cest un espace public après tout.
Rien de trompeur comme cette quiétude souriante et silencieuse qui m'enveloppe
la nuit alors que je compose tranquillement ma page, à l'abri du monde...
Pour l'instant, quoi ? Une ébauche de page de recherche, un CV, parce qu'il faut bien s'occuper
de sa vie professionnelle, trois mots sur l'X et sur le concours général, parce
qu'il faut bien s'occuper de son passé.
La suite, le reste, l'intéressant, ça viendra au fil des jours - comme toujours.
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